Elvira Kralj était une actrice slovène née à Trieste (faisant alors partie de l’Empire austro-hongrois). Elle naquit dans une famille qui était politiquement engagée pour défendre la cause nationale slovène. Toute la famille était affiliée à la Sokol, une association de gauche s’occuppant de la culture corporelle. Elvira était membre de plusieurs associations embrassant différentes causes sociales, et pas spécifiquement la cause des femmes.
Elle commença à jouer à l’âge de cinq ans lorsqu’elle interpreta Cendrillon dans un théâtre de Trieste. Après avoir complété ses études dans l’école primaire allemande locale et deux années d’études à l’école supérieure de commerce allemande pour filles – les garçons et les filles fréquentaient des écoles différentes – elle travailla dans un cabinet d’avocats à Trieste. Plus tard, elle obtint son diplôme de l’école d’art dramatique. Elle incarna plus de 200 rôles au théâtre Maribor, et commença à travailler au Drama de Ljubljana, le théâtre national. Que ce soit sur scène ou les écrans de télévision et de cinéma, elle interpreta de façon convaincante une multide de personnages féminins divers et variés, passant d’une douce grand-mère, une gentille tante, une mère souffrante, une femme forte, à des personnages diaboliques et ironiques. Son rôle le plus emblématique fut celui d’une tante douce, aimante et attentionnée (caractéristiques féminines typiquement acceptées) dans le film Don’t wait until May. Alors, pourquoi Elvira est-elle dépréciée? Malgré les nombreux films pour lesquels elle a été choisie, très peu de documentation a été réunie à son sujet (ce qui n’est pas le cas de ses collègues masculins). Aucun article scientifique, aucun travail de recherche n’a été mené sur sa vie. Elle n’était qu’une actrice, et du coup facilement oubliée.